Fort Delgrès : la geste révolutionnaire

On l’appelle le fort de la Basse-Terre. C’est le fort Louis-Delgrès, à l’entrée de la ville, dominant le quartier du Carmel et la marina.

La silhouette massive du fort Delgrès, qui a été rebaptisé au fil des siècles fort Royal, fort Richepanse puis fort Saint-Charles, et enfin fort Louis-Delgrès, propriété du département, classé monument historique depuis 1977, se profile à l’entrée de Basse Terre. C’est un ensemble magnifique qui a remplacé la maison fortifiée construite en 1650 par Charles Hoüel, gouverneur et sénéchal de la Guadeloupe.
En 1702, le révérend père Jean-Baptiste Labat, moine industrieux, renforce son aspect en prévision d’attaques anglaises en faisant construire ce qu’on appelle un glacis, qui est une zone de murs obliques permettant de dévier le tir des boulets depuis la mer.
Très endommagé par des attaques anglaises, il est reconstruit et renforcé à partir de 1720. En 1759, il est à nouveau occupé par les Anglais, puis repris…
La grande caserne est construite entre 1766 et 1780, en suivant un plan de Vauban. Durant la révolution et plus particulièrement en 1802, le fort est l’objet d’une série de batailles dont la plus mémorable est celle opposant les troupes de Louis Delgrès et celles de Richepanse et Pelage, tenants du rétablissement de l’esclavage. C’est maintenant un espace réservé au futur musée d’histoire de la Guadeloupe. En attendant, des expositions y sont organisées.
BUCOLIQUE
L’entrée du fort Louis-Delgrès se fait par le quartier du Carmel. C’est une entrée monumentale, flanquée de part et d’autre par de hautes murailles sombres. Sur la droite, dans la coulée, la marina et une vue superbe sur les monts Caraïbes. En traversant le pont-levis, on pénètre dans l’enceinte du fort. De part et d’autre de l’entrée, des pièces aménagées en musée. On y trouve des explications pédagogiques sur la période esclavagiste, la révolution. On regrettera que ce type d’exposition soit surtout l’occasion de se flageller et non d’exalter les vertus des grands Guadeloupéens au cours des siècles.
Se promener dans les cours est un régal. À chaque détour de mur, la vue est magnifique, sur le Carmel, sur les autres quartiers de Basse-Terre, sur la Soufrière, sur la mer, sur Vieux-Fort. De vastes espaces gazonnés sont propice à une promenade bucolique.
Poignante, la poterne par laquelle Louis Delgrès et ses compagnons ont quitté le fort avant de se rendre au Matouba et de se suicider en martyrs.
À signaler, dans la zone appelée Bastion du Galion, le cimetière militaire où reposent le général Richepanse et l’amiral Gourbeyre.