Podcast “L’Oreille est hardie”. Aurélie Bambuck : “Pacotille” ou l’esclavage à hauteur d’enfant

C’est une première en bandes dessinées : la journaliste antillaise et réalisatrice de documentaires Aurélie Bambuck signe l’histoire de l’enfant-esclave “Pacotille” (éditions Jungle) pour faire voir et entendre l’esclavage historique aux plus jeunes. Un pari réussi qui a demandé beaucoup de travail de recherches et de délicatesse.

Écrire pour combler un manque… La bande dessinée Pacotille, l’enfant esclave est née de ce constat établi par Aurélie Bambuck et qu’elle formule dans L’Oreille est hardie. La journaliste aux origines martiniquaises par sa mère et guadeloupéennes par son père s’était déjà muée pour cette même raison en réalisatrice de documentaires (dont le récent Au nom de nos ancêtres, esclaves et négociants, visible sur notre Portail et audible, façon podcast, ICI ).

Elle qui a grandi en région parisienne a eu besoin d’en savoir plus sur ses ascendants : malgré les liens entretenus avec les Antilles via ses parents, il lui fallait combler une certaine absence d’informations, pour elle-même mais aussi pour ses enfants. Ecoutez-la expliquer la naissance de Pacotille dans le podcast L’Oreille est hardie :

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Extrait de “Pacotille, l’enfant esclave”



©éditions Jungle

C’est une proposition qu’elle n’a pas pu ni voulu refuser : expliquer l’esclavage aux enfants à travers une bande dessinée. Une première pour Aurélie Bambuck qui n’en est pas à un défi près. Avec toutes les difficultés que le sujet comporte : dire les atrocités liées au commerce des êtres humains, raconter l’Histoire simplement sans se perdre dans les méandres des événements, raconter une histoire tout en étant fidèle à l’Histoire, documenter le tout pour donner des clés et des références compréhensibles pour les plus jeunes.

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©éditions Jungle

Pacotille est née ainsi. L’histoire de cette enfant-esclave est une fiction, fabriquée de toutes pièces par Aurélie Bambuck et le scénariste chevronné Corbeyran. Mais avec un vrai souci de l’exactitude du contexte historique qui entraînera parfois des modifications dans les représentations et quelques corrections pour le dessinateur Olivier Berlion. 

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Extrait de “Pacotille, l’enfant esclave”



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Le tout donne un résultat tout à fait efficace, dans tous les bons sens du terme : Pacotille est une BD agréable à lire avec un travail très soigné sur les textes, les dessins et les couleurs produites par Christian Favrelle. Les péripéties de l’enfant-esclave s’intègrent parfaitement au récit historique et les lecteurs visés (les enfants à partir de 9 ans) devraient prendre plaisir à se partager entre l’Histoire et une histoire, riche en personnages (y compris ceux dont on ne parle pas toujours dans la période esclavagiste : les Blancs engagés, les Indiens Caraïbes, les corsaires etc…).
Avec la possibilité pour les lecteurs de se référer aux documents – bien réels – reproduits en fin d’ouvrage pour recontextualiser l’épisode qu’ils viennent de suivre. 

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Aurélie Bambuck y raconte tout ce qui a présidé à la création de la bande dessinée Pacotille, l’enfant esclave. Un premier épisode qui sera suivi en mai 2023 d’un deuxième, avec l’espoir de la nouvelle autrice de partir pour une série d’albums qui mènerait toute cette équipée, personnages et créateurs ensemble, jusqu’à nos jours avec l’histoire, pourquoi pas, des descendants de Pacotille.

Aurélie Bambuck qui rêve certainement que cette Pacotille pèse assez pour devenir un outil, une référence auprès des plus jeunes, tant l’esclavage et la notion d’asservissement de l’homme par l’homme recouvrent des réalités parfois bien difficiles à saisir pour eux.

L’Oreille et hardie avec Aurélie Bambuck, c’est ICI : 

Ou là : 

“Pacotille, l’enfant esclave” par Aurélie Bambuck, Corbeyran, Olivier Berlion et Christian Favrelle est paru aux éditions Jungle.